VALLISNERI (Antonio) (1661-1730) - Istoria del Camaleonte Affricano, e di varj Animali d’Italia.
Venezia, Gio. Gabbriello Ertz, 1715. Première édition.
Parchemin contemporain, titre manuscrit sur la quatrième de couverture près du dos, tranches mouchetées, cm 23 x16,7, pages: 8 n.n. (dont la page de titre), 200 et 13 planches gravées sur cuivre hors texte (5 après page 158, 8 après page 178). À la page 161 suit, avec une numérotation consécutive, un autre traité intitulé “Istoria della grana del Kermes”. Rare deuxième tirage de l'édition originale (1714). Bon exemplaire, malgré quelques rousseurs.
Au tournant du XVIIIe siècle, les connaissances humaines n'avaient pas encore subi la diversification massive que l'on observe aujourd'hui. A une époque où les frontières interdisciplinaires n'existaient pas ou étaient encore facilement et fréquemment franchies, il n'était pas rare pour les savants d'élargir leurs intérêts au-delà des limites de leur compétence professionnelle.
Antonio Vallisneri (1661 - 1730) était l'un des principaux représentants de cette approche éclectique de la connaissance. Bien au-delà de la médecine, ses intérêts de recherche englobaient toute la gamme des sciences de la vie et de la terre et comprenaient des sujets tels que la biologie, la botanique, la zoologie, l'embryologie, la minéralogie, la stratigraphie, la pétrographie, la paléontologie, l'entomologie, la géomorphologie, l'hydrogéologie, la géographie, les mines, la météorologie , chimie : sans parler, bien sûr, des diverses incursions humanistes (comme la philosophie, l'histoire, la littérature, l'archéologie, la lexicographie, et même l'anthropologie et le folklore) qui étaient une caractéristique typique de nombreux premiers savants modernes.
Son éducation a d'abord suivi le chemin traditionnel des écoles jésuites – un chemin réservé aux fils des familles importantes de l'époque. En 1682, il a commencé à fréquenter l'Université de Bologne, où il est devenu l'un des étudiants de Malpighi. En 1685, il obtient un diplôme du Collège de Reggio (Emilie), après quoi il étend ses connaissances pratiques et son expérience à Venise, Padoue et Parme. Il retourne ensuite dans son pays natal, la Toscane, où il exerce sa profession et entame simultanément une période extrêmement intense d'études d'histoire naturelle.
Les travaux et observations de Vallisneri témoignent d'une interprétation originale des thèmes et des perspectives de la tradition médicale galiléenne suivie par Malpighi et Redi et se situent sur le front le plus avancé des débats entre histoire naturelle et sciences de la vie alors en cours en Europe. Vallisneri était enclin à inscrire ses hypothèses scientifiques dans un cadre théorique général tout en gardant un respect baconien pour les données empiriques, et il s'engagea à dépasser les limites du dualisme et du mécanisme cartésiens, d'abord en référence à la pensée malebranchienne puis à celle de Leibniz.
Ses enseignements étaient basés sur ses observations méticuleuses des sciences naturelles, en particulier dans les domaines de l'entomologie et de l'anatomie comparée ; il était convaincu que la connaissance scientifique s'acquiert mieux par l'expérience et le raisonnement, et ce principe a été suivi dans ses dissections anatomiques et ses descriptions soigneusement dessinées des insectes.
Les recherches de Vallisneri sur la reproduction ont démontré l'inexistence de la génération spontanée et de la théorie évolutionniste anticipée.
Garrison-Morton, 302; Pritzel 9675; M. Sabia, Le opere di Antonio Vallisneri medico e naturalista reggiano (1661-1730). Bibliografia ragionata, Rimini 1996, pp. 106-120; Philobiblon, One Thousand Years of Bibliophily, no. 224.